Il ne laisse rien au hasard. La peinture de Ramiro Arrue est à la fois complexe et simple. C’est sans doute ce qui lui permet de toucher aujourd’hui comme hier un si grand public. Ses formes stylisées et ses contrastes de couleurs (ici, le jeu entre le blanc et le noir rehaussés des touches rougeâtres symboliques du Pays basque) sont omniprésents dans cette riche composition, où l’on voit évoluer plusieurs groupes de personnes évoquant les différents âges de la société, ainsi que les joueurs de pelote, ce sport qui tient une place centrale dans la vie de la région. Deux femmes à la tête couverte apparaissent dans le fond, non loin de cette croix qui apporte une dimension spirituelle à la scène. Plusieurs autres peintures illustreront l’art d’Arrue : une gouache titrée Porteuse d’eau et bouvier basques au crépuscule (33 x 47 cm), annoncée à 20 000/25 000 € et ayant appartenu à l’ancienne collection Geneviève et Jean-Paul Kahn puis celle de Robert Poulou, et, à la même estimation, l’huile sur panneau Kaskarot, devant le port (33 x 41 cm). Les trois œuvres sont typiques de la sensible manière du natif de Bilbao, qui perdit sa mère à sa naissance. Durant son enfance, il fut largement soutenu par son père, qui vendit toute sa collection de tableaux pour financer les études artistiques de ses quatre fils. Ramiro arrive à Paris à 17 ans. Inscrit à la Grande Chaumière, il fréquente Montparnasse, rencontre Soutine, Picasso et Modigliani, mais aussi Breton et Cocteau. Mais tout change lorsqu’il découvre le Pays basque français. Il décide de quitter la capitale et de s’y installer en 1915. Malgré toutes les sollicitations, Arrue a fait son choix. Débute pour lui une vie de rêve, qu’il passera à Saint-Jean-de-Luz et Ciboure, ayant installé son atelier sur la colline de Bordagain.