Émile-Antoine BOURDELLE (Montauban 1961- Le Vésinet

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LOT N° : 59
DESCRIPTION :
Émile-Antoine BOURDELLE (Montauban 1961- Le Vésinet 1929) Femme drapée dans un grand châle Importante sculpture en marbre blanc. Signée E. BOURDELLE sur la tranche de la terrasse. Le modèle conçu en 1889, notre épreuve très probablement exposée au Salon de la Société des Artistes Français de 1890 sous le titre " Jeune femme madrilène... Lire la suite

ADJUGÉ 95000 €

DATE ET LIEU DE LA VENTE :
MAISON DE VENTE
8, Rue Dominique Larréa 64500 SAINT-JEAN-DE-LUZ
Samedi 08 avril 2017 à 14:00

DESCRIPTION DÉTAILLÉE

Émile-Antoine BOURDELLE (Montauban 1961- Le Vésinet 1929) Femme drapée dans un grand châle Importante sculpture en marbre blanc. Signée E. BOURDELLE sur la tranche de la terrasse. Le modèle conçu en 1889, notre épreuve très probablement exposée au Salon de la Société des Artistes Français de 1890 sous le titre " Jeune femme madrilène ". Haut. 78 cm Provenance : Succession X., Hendaye, Pyrénées-Atlantiques. Remerciements : Nous adressons nos plus vifs remerciements à Mme Claire Boisserolles responsable des archives et à M. Colin Lemoine, attaché de conservation et responsable du fonds de sculptures du Musée Bourdelle, pour les précieuses informations qu'ils nous ont transmises et qui nous ont permis la rédaction de ce descriptif. La Jeune fille madrilène d'Émile-Antoine Bourdelle, une double (re)découverte Jeune sculpteur en quête de reconnaissance, Emile-Antoine Bourdelle expose dès 1887, marbres, plâtres et terres cuites, au Salon de la Société des Artistes Français. Le tapuscrit d'un article de Charles Saunier (conservé au musée Bourdelle) détaille l'envoi de l'artiste au salon de 1890 : un bronze, le Buste du Commandant Quevillon, ainsi que deux marbres, le buste et la statuette d'une Jeune fille madrilène. Il est plus que probable que cette dernière sculpture citée et au titre évocateur soit la grande version en marbre du modèle de 1889 dont il n'était connu, jusqu'à aujourd'hui, que des épreuves plus petites exécutées en terre et que Ionel Jianou et Michel Dufet titreront Femme drapée dans un grand châle, d'une façon très descriptive en l'absence d'autres éléments, dans le catalogue raisonné de l'Œuvre de l'artiste. Originaire de Montauban, il est très vraisemblable que Bourdelle ait visité l'Espagne toute proche et qu'il ait pu y observer les chulapas, ces femmes vêtues du costume traditionnel madrilène composé d'un châle frangé, d'un fichu et d'une haute coiffure agrémentée de fleurs. À cette époque, les modèles latins sont très appréciés des sculpteurs, tout particulièrement de Bourdelle qui se plait notamment à exécuter des portraits d'Italiennes. Étaient dénombrées, jusqu'à présent, seulement trois épreuves en terre cuite d'une hauteur de 54 centimètres de cette Femme drapée dans un grand châle. L'une avait été offerte à Marie Laprade qu'elle décrira dans une lettre à l'artiste, non datée et conservée au musée Bourdelle, sous les traits d'une [jolie petite femme au regard douloureux et profond qui se serre par un mouvement si juste dans son châle]. La seconde figurait dans la collection Queuille et la troisième dans celles du musée Bourdelle (inv. MBTE3116). L'une de ces trois épreuves est visible à l'arrière-plan d'une photographie sur laquelle l'artiste pose, lui-même drapé, dans son atelier (inv. MBPH0099). Une version en terre sèche de taille plus réduite était également connue. Enfin, en 1985, Rhodia Dufet, fille du sculpteur, commandait au fondeur Clémenti la réalisation de quatre épreuves en bronze de 54 centimètres de hauteur pour le musée (inv. MBBR1077 à MBBR1080). Notre exemplaire en marbre d'une hauteur de 78 centimètres, très vraisemblablement taillé par Bourdelle lui-même qui maîtrisait parfaitement cette technique qui lui permettra de devenir praticien de Rodin à partir de 1893, était jusqu'à présent inconnu. Le musée Bourdelle conserve un buste en marbre de Femme au grand châle daté de 1890 (inv. MBMA4576), variante indéniable de notre élégante, qui serait alors le buste de la Jeune fille madrilène. Les deux sculptures présentent en effet le même habit et le même visage avec un nez fort et droit, si caractéristique de l'Œuvre de Bourdelle, annonçant les grandes figures de La France ou autre Vierge à l'offrande qui feront la renommée du sculpteur. Compte tenu de ces éléments, il y a donc fort à parier que, 127 ans plus tard, soient enfin localisés et identifiés les deux marbres de cette Jeune fille madrilène, l'un en pied (notre œuvre) et l'autre en buste, que Charles Saunier avait tant admirés lors de sa visite au salon de 1890. Emmanuel Eyraud (expert)