MARIE VASSILIEFF (1884-1957) - 14 marionnettes pour le théâtre de Claude Duboscq

 

 

« Un jour, un homme que je ne connaissais pas vit mes tableaux et dit qu’il aimait beaucoup à cause de l’esprit religieux qui les inspirait. […] Et j’eus un jour la visite de cet homme à mon atelier ; c’était Claude Duboscq, un musicien surtout religieux qui était très connu et très respecté dans son pays des Landes car il vivait comme un véritable saint. » Marie Vassilieff, La Bohème du XXe siècle, p. 124, cité dans Youlia Pospelova (2007), op. cit. 208.

 

 

 

 

 

 

Claude Duboscq et Marie Vassilieff, une rencontre exceptionnelleIssue d’une famille bourgeoise aisée des Landes, Claude Duboscq, poussé par son père, monte régulièrement à Paris pour rencontrer les artistes de son époque. Il est imprégné d’un profond christianisme et se lie avec le sculpteur Henri Charlier (1883-1975) et le peintre Wladimir Polissadiw (1880-1941) qui lui permet notamment d’entrer en contact avec la communauté russe qui a fui la Révolution Soviétique et s’est installée à Paris.  Claude Duboscq influencé par la musique spectaculaire de Wagner a très vite l’idée de rassembler des artistes et de faire en France un lieu d’échange artistique comme à Bayreuth. La fortune familiale lui permettra d’entreprendre sa grande œuvre dans son village d’Onesse-Laharie.

Il y a 90 ans, de mystérieuses marionnettes créées par Marie Vassilieff pour la grande œuvre du musicien Claude Duboscq s’animaient au théâtre du Bourdon, dans le cœur des Landes. La mise en vente de cet exceptionnel ensemble de quatorze marionnettes, par Maître Florence LELIEVRE-CABARROUY et Arnaud LELIEVRE, chez Côte Basque Enchères, à Saint-Jean-de-Luz, le Samedi 21 avril 2018 est l’occasion de revenir sur une création artistique totale et populaire, tout à fait originale, entre traditions et avant-garde.

 

Marie Vassilieff, émigrée russe à Paris, est installée à Montparnasse où son sens de l’hospitalité et son talent, lui permettent de participer à l’élan de l’avant-garde artistique de l’entre-deux-guerres. Très tôt, elle devient l’une des principales figures du Montparnasse de Picasso, Fujita et de l‘école russe de Paris. Dans cette « ruche », elle côtoie Chagall, Zadkine, Fernand Léger, et aussi Henri Charlier fidèle ami de Claude Duboscq. Le christianisme, le sentiment religieux traversent profondément tous ces artistes.

 

 

Claude Duboscq et Marie Vassilieff manipulant des marionnettes.

 

 

 

 

 

« […] Une amitié absolument idéaliste s’établit entre nous. Je lui donnais l’idée de composer un ballet religieux. Il le comprit, et avec son génie original, créa un ballet magnifique qu’il appela le « Divertissement Sacré », avec comme sous-titre : « Avant-Pendant-Après » qui évoquait : d’abord la Promesse durant l’Ancien Testament ; ensuite la rédemption par la venue du Sauveur, enfin le Salut à travers l’Eglise ». Notes et souvenirs de Marie Vassilieff, cité  dans Gilles Duboscq, Claude Duboscq (1897-1938) Biographie, ed. TerraMare, 2017.

 

 

 

Entre avant-garde et christianisme ancestrale

 

 

Claude Duboscq, influencé par l’esthétique des Ballets Russes, entreprend la création d’un opéra. La Misère Noire. Après un premier échec parisien, Claude Duboscq  se lance dans son projet landais. Marie Vassilieff l’accompagne. Il s’agit de créer, à Onesse-Laharie, sa terre natale, un théâtre où les artistes d’avant-garde pourront monter leurs créations en faisant participer directement les habitants locaux. Ce sera le Théâtre du Bourdon. Claude Duboscq compose la plupart des pièces de théâtres et évidemment la musique. Marie Vassilieff réalise de nombreux costumes, et surtout, les marionnettes des différents spectacles de la Pauv’Clair et Avant-Pendant-Après, notamment. Leur collaboration et leur amitié, unis par leur sentiment religieux,  seront profondes. Claude Duboscq est le parrain du fils de Marie Vassilieff.

 

 

 

Lot 120 / Saint François d'Assise (?)

 

Dans ses marionnettes, Marie Vassilieff exprime toutes ses plus fortes influences, entre cubisme et dadaïsme. Les visages des marionnettes empruntent les traits épurés et droits du cubisme, inspiré par l’art africain. Les matériaux d’une grande économie, probablement « de récupération », en tous cas largement hétérogènes s’inscrivent totalement dans la l’esprit Dada. (Exposition Dada Africa, Musée de l’Orangerie, 18 octobre 2017-19 février 2018). Mais ces objets « très animés », avec une âme certaine, évoluent sur un thème culturellement très ancré dans le christianisme.

 

Marie Vassilieff est une artiste déjà reconnue. Ses peintures ont fait l’objet de plusieurs expositions en galerie. Elle a travaillé sur la création de poupées dès les années 1915 et les poupées-portraits de personnages influents comme Paul Poiret, Pablo Picasso ou Henri Matisse ont fait sa renommée.

 

Sa collaboration avec le couple Duboscq s’inscrit dans la même démarche artistique. Il s’agit de concevoir les personnages d’une pièce de type « Guignol  chrétien » baptisé Pauv’Clair dont Le Château du Roi et Avant-Pendant-Après seront les principales pièces. Madame Philippe Duboscq en sera la principale marionnettiste.

 

Les marionnettes ont été manipulées pendant plusieurs années au théâtre du Bourdon de Claude Duboscq. Elles ont donc pu subir quelques altérations et modifications. Ces marionnettes ont été conservées pendant plusieurs années après la mort de Claude Duboscq par le docteur Raoul Germain, ancien maire de Mios dans les Landes et premier Président de la société du Bourdon. Le Docteur Germain était par ailleurs un grand collectionneur et mécène des artistes russes et ukrainiens, ami de Marie Vassilieff. Après avoir subi quelques restaurations et probablement quelques modifications dans le dernier quart du XXe siècle, les poupées ont ensuite été restituées à la famille Duboscq .

 

Nous présentons ici un ensemble exceptionnelle de quatorze marionnettes, connues par de nombreux documents, mais jamais présenter au public depuis la fin du théâtre du Bourdon. Chaque marionnette est une œuvre remarquable, mais l’ensemble constitue également une recomposition presque intégrale d’une création artistique surprenante au carrefour de l’avant-garde et du christianisme ancestrale.

Aussi nous commencerons par vendre à l’unité chacune de ces marionnettes, après quoi, ces adjudications provisoires seront additionnées et remises en vente, sur le principe de la faculté de réunion, en un seul lot pour permettre éventuellement la conservation de l’ensemble.

 

Lot 109 : L'Ange

Lot 110 : Sainte-Thérèse de l'Enfant Jésus (?)

Lot 111 : L'Enfant du Roi

Lot 112 : L'Âne

Lot 113 : L'Architecte

Lot 114 : Le Roi

Lot 115 : Le Musicien (ou Claude Duboscq ?)

Lot 116 : Le Gendarme (?)

Lot 117 : La Pauvreté Claire (?)

Lot 118 : Le Pauv' Clair (?)

Lot 119 : Le Philosophe (?)

Lot 120 : Saint François d'Assise (?)

Lot 121 : La Vierge Noire

 

 

Nous remercions la famille Duboscq de leur confiance et de la passion qu’ils témoignent à entretenir le souvenir de leur père et grand-père. Claude Duboscq disparaissait il y a 80 ans, presque jour pour jour.

 

 

                 

              Lot 121 / La Vierge Noire      Lot 118 / Le Pauv Clair  et Lot 119 / Le Philosophe ( ?)            Lot 114 / Le Roi                       Lot 116 / Le Gendarme (?)

 

 

 

Bibliographie :

- Julie RICHARD, Les Poupées de Marie Vassilieff (1884-1957) : Entre utopie et dystopie, les déploiements de l’effigie dans l’art expérimental des Avant-Gardes historiques, Mémoire de maîtrise d’histoire de l’Art, Université du Quebec à Montréal, février 2016.

- B. Bordachar, Claude Duboscq (1897-1938) ou le Génie foudroyé, Pau, 1961.

- Claude Duboscq, in revue Zodiaque, n°131, janvier 1982.

- Gilles Duboscq, Claude Duboscq (1897-1938) Biographie, ed. TerraMare, 2017.

- Claude Bernes et Benoît Noël, Marie Vassilieff - l’œuvre artistique, l’académie de peinture, la cantine de Montparnasse, ed. BVR, 2017.

 

Expositions : (Source : http://www.universality.info/b/biographie.html)

Devise : L’Art du Peuple/ L’Argent aux Artistes/ La Gloire à Dieu. Cyrille de la Rosace présente le rythme libre inextinguible dans les œuvres plastiques et musicales. Architectes, peintres, sculpteurs, verriers et céramistes. Folklore de La Pauvreté Claire édité d’après Claude Duboscq et Saint-Jean-de-la-Croix.